Des eaux minérales ont bel et bien existé à Trie-Château. Elles étaient fournies par deux sources découvertes il y a sans doute bien longtemps. Les eaux sortaient du sol en deux points différents situés dans les prairies de l’autre côté de la rivière de la Troësne qui les séparait du bourg de Trie-Château. Ce bourg et ces terres appartenaient au prince de Conti, Louis François Joseph de Bourbon à l’époque qui nous intéresse, en 1778.
Les sources ont dû couler paisiblement, pendant peut être des siècles, pour une utilisation locale fort limitée. On leur bâtit ensuite deux fontaines en pierre, une appelée de Conti et l’autre de Bourbon… Les eaux étaient réputées pour leurs bienfaits : soins des affections digestives, nerveuses, urinaires et de nombreux autres maux…
Cette bonne renommée s’étend avec les visiteurs du château invités du prince mais on consomme les eaux sans réelle organisation, il s’agit surtout d’un divertissement dans un cadre agréable, distraction en outre utile à la santé.
Toutefois, on s’intéresse peu à peu de plus en plus près aux eaux de Trie et même de façon plus savante puisqu’elles sont analysées le mois de mai 1778 par un ancien apothicaire des armées du roi sous le contrôle d’un médecin du roi.
Cette analyse est rapportée dans une petite brochure de 1779, réimprimée en 1880 (Couverture et une de ses pages ci-dessous).
Les résultats de l’analyse confirment les vertus indiquées précédemment et font découvrir bien d’autres qualités encore, comme on peut le voir à la lecture des extraits du rapport repris ci-dessous et particulièrement ses conclusions.
En suite de cela par acte du 12 octobre 1778 les deux fontaines en pierre où jaillissaient les eaux et les pâtures entourant furent cédées par le prince de Conti à un contrôleur des fermes du roi, Nicolas Pellevillain.
Ce dernier, bénéficiaire de la concession des eaux, entendait exploiter un véritable établissement thermal dont vous trouverez le plan à la fin de ce récit.
Un bel avenir semblait ainsi promis à cette entreprise. Les sources, en effet, n’étaient pas très éloignées de Paris : une journée de carrosse chaque vendredi sur de belles routes et une petite voiture pour Chaumont tous les mercredis. Dans le site verdoyant et boisé de Trie, avec les fêtes données au château, les promenades et rencontres possibles, on pouvait certes attirer de nombreux curistes…
Ces beaux desseins ne pourront toutefois se réaliser en raison d’un événement imprévu, la Révolution de 1789. Ses bouleversements ruinèrent les plans de M. Pellevillain. Les sources ne seront plus exploitées, les fontaines ont disparu, mais les eaux ne sont pas vraiment oubliées puisque l’on en parle encore.
Article extrait du journal de la commune de juin 2004
HISTORIQUE :
Elles furent découvertes en 1936, lors de la démolition d’une maison appartenant à monsieur Froment située en face de l’église. Cette bâtisse qui menaçait ruine servit jusqu’en 1849 de presbytère pour être transformée alors en écurie et grenier à fourrage. Selon le témoignage oral de mesdames Froment et Naudin, ces trois fenêtres, découvertes sous le crépi, étaient bouchées, coiffées par des linteaux sculptés. Seule, au centre, l’une de ces fenêtres rectangulaires possédait encore au milieu une colonnette au chapiteau sculpté. Elles furent achetées par monsieur Paul Gouvert, antiquaire parisien, et revendues par monsieur Seligmann au Victoria and Albert Muséum de Londres où elles sont exposées (Galerie du Moyen âge et de la Renaissance, salle 8).Les linteaux sont datées entre 1160 et 1170, les fenêtres entre 1175 et 1200 et restent un exemple rare de l’architecture de cette période.
DESCRIPTION : (Traduction de notes du Victoria and Albert Muséum)
Ces fenêtres sont constituées d’une série de trois arches ouvertes supportées par des colonnes. Celles-ci sont surmontées par de grandes feuilles décoratives. Dans chaque arche, un linteau composé de deux petites arches pointues sculptées en relief dont les motifs représentent des êtres fabuleux du bestiaire médiéval. La roche calcaire utilisée pour les fenêtres est une pierre dure idéale pour le travail minutieux et soigné, ce qui en faisait un matériau très souvent utilisé par les sculpteurs de cette période pour les représentations profanes et religieuses.
LINTEAU DROIT :
Sur l’arche droite, un centaure combat une Cockatrice (aussi connue sous le nom de Basilic).La Cockatrice est un oiseau-reptile mythologique issu d’un œuf de coq couvé par un serpent. Le centaure tire une flèche de son arc court, qui sera sa dernière chance de survie avant que la Cockatrice ne le tue de son souffle incendiaire ou de son regard pétrifiant. Le centaure est représenté coiffé d’une sorte de bonnet « Phrygien » usé des paysans, mais aussi, armé d’un arc comme l’infanterie légère ou les mercenaires qui sévissaient en Europe pendant cette période.
Sur l’arche gauche, figure un homme moustachu, dont un gros objet rond sur la poitrine est saisi par deux dragons.
LINTEAU CENTRAL :
Sur l’arche gauche, on distingue un homme qui tire avec ses mains sur « la barbe » de deux dragons. Sur l’arche droite, un personnage combat deux dragons à tête humaine.
LINTEAU GAUCHE :
Les représentations semblent montrer deux tritons au dessus des eaux. Dans la sculpture de gauche, le triton tient ses queues entre ses mains et dans celle de droite, il tient ses queues qui se transforment en tête de monstres. Selon une autre interprétation, chaque sculpture pourrait représenter un monstre marin dévorant un homme.
Les reliefs sculptés sont de la période Romane. La représentation est imaginaire, surréaliste, irréelle, et le sens de l’humour excentrique qui caractérisait les premières sculptures médiévales est encore vivant ici dans le travail des sculpteurs. L’ouvrage est chargé et hautement stylisé. Bien que les reliefs individuels soient pleins et considérablement chargés, l’espace autour des sculptures est quelconque et gauchement réalisé. C’est traditionnel des sculptures architecturales romanes de voir des reliefs chargés avec de simples contours cernés de décorations méticuleuses, sans figuration, conçues d’une répétition de chevrons entre des lignes incisives. Les cheveux, les yeux, les détails de la face sont gravés dans la surface de la pierre, presque à la manière d’un dessin, plutôt que de faire ressortir les traits comme une sculpture en trois dimensions, lesquelles commencent à obtenir les faveurs de la fin de l’époque romane.
BESTIAIRE :
Cockatrice :
C’est l’une des plus dangereuses créatures de tout le bestiaire fantastique. Sa tête et ses pattes sont celles du coq, mais son corps et sa queue sont ceux du serpent, ses ailes sont également celles d’un volatile mais terminées par des griffes. Dans la légende, la Cockatrice est si semblable au Basilic qu’il est difficile de les différencier et ils ont souvent été confondus. Leur naissance est similaire, la créature serait issue d’un œuf de coq de sept ans couvé pendant neuf années par un crapaud ou un serpent. Le poussin sera alors soit une Cockatrice soit un Basilic. Elle n’a pas la même puissance destructrice que le Basilic mais partagerait le fait de changer ceux qui les regardent en pierre. La science moderne explique la conception de la Cockatrice en se référant au changement qui peut se produire dans l’équilibre endocrinien de la poule domestique et peut introduire la transsexualité, permettant à une créature affligé d’une crête et d’éperons de pondre des œufs. L’homme médiéval a attribué ceci au travail du diable, et la Cockatrice est née ainsi.
Centaure :
C’est un hybride puisqu’il est le résultat de l’union entre l’homme et le cheval. Il est athlétique et harmonieux. Il peut être à la fois le symbole de la barbarie et de la sagesse. Il sera reprit dans l’imagerie astrologique puisque le sagittaire est un centaure qui tire à l’arc. Il symbolise le paganisme ou l’homme sous l’emprise de ses pulsions animales.
Dragon :
Il symbolise le démon dans l’iconographie chrétienne (XII siècle).C’est l’animal le plus impressionnant du bestiaire médiéval. Animal hybride, sa forme ne fût jamais fixée ni déterminée. Il crache du feu, du froid, de l’acide ou des éclairs et fait parfois des étincelles. Il est représenté généralement comme un reptile ailé. Ses variantes sont multiples. Il peut avoir une tête de cheval, une queue de serpent, de grandes ailes et deux pattes griffues. Ses yeux sont toujours démoniaques.
Triton :
Parallèlement au mythe de la sirène s’est développé celui de l’homme de la mer ou homme-poisson, rencontré par divers voyageurs. Cette créature est issue du fils de Poséidon, Triton, divinité de la mer à figure humaine et à queue de poisson. Ce dieu s’étant multiplié, les tritons formaient le cortège de Poséidon. De nombreux récits mêlent sirènes, néréides, océanides ou tritons.
Extraits de textes des sources suivantes :
- Victoria and Albert Museum
- G.E.M.O.B. (bulletin n°9)
- Bibliothèque Nationale de France
- Wikipédia
Selon les témoignages recueillis par le G.E.M.O.B. seuls les arches, les linteaux et la colonne centrale proviennent de Trie-Château. Si Le Victoria and Albert Muséum n’émet aucun doute quant à la provenance de la fenêtre entière (arches, colonnes et linteaux), il semble que les trois fenêtres aient été reconstituées pour obtenir un ensemble homogène.
Adrienne d’Estouteville, qui mourut en 1560 fit abattre une grande partie des ouvrages de défense de la forteresse et transforma le reste en une demeure de plaisance. L’annexion du narthex à la nef de l’église (1541) et la transformation du château (avant 1560) font apparemment partie du même projet de rénovation de la place forte.
Les fenêtres (arches et colonnes) proviennent certainement du narthex .Soit du mur de séparation du narthex et de l’église qui fut supprimé, soit du mur méridional, aujourd’hui mur plein avec le cadran solaire.
Les linteaux romans aux sculptures profanes dont les coins supérieurs ont été rabotés afin d’être enchâssés sous les arches n’ont pas été taillés pour ces fenêtres et leur provenance originelle reste un mystère.
Les fenêtres de l’église et les linteaux ont été réutilisés, comme cela se faisait alors, pour la modification ou la construction d’une bâtisse dont la finalité reste une inconnue étant donné la richesse de ces fenêtres.
En 1942, malgré les injonctions de Staline, les anglais se trouvent dans l’impossibilité d’ouvrir un second front. Ils n’en cherchent pas moins à retenir les troupes allemandes à l’ouest afin de soulager les armées russes qui cèdent de partout. Les premiers espoirs d’un redressement de la situation sur le front de l’Est n’apparaissent qu’en février 1943 avec l’encerclement et la reddition de l’armée de Paulus et la chute de Stalingrad.
C’est pour retenir les divisions allemandes que les anglais de l’intelligence service, sections MI 5 et MI 6, développent des formations opérationnelles au travers d’un programme particulier le S.O.E. (Spéciale Opération Exécutive), chargées d’organiser des groupes de renseignements et de sabotages en Europe occupée. La section française est dirigée à Londres par le colonel Buckmaster, d’où le nom des réseaux créés par cet organisme dans notre pays dont l’objectif est de fournir des armes à la résistance sans préoccupation politique ou idéologique, en vue d’une action directe et immédiate contre l’occupant.
Le major anglais Francis Alfred Suttill dit « Prosper » est parachuté en France, prés de Vendôme le 1er octobre 1942. Basé à Paris, il met en place de nombreux réseaux, dont deux dans l’Oise, l’un à l’est du département coiffé par le capitaine Fox, l’autre à l’ouest, le réseau Darling du nom de son chef Georges Darling qui habitait Trie-Château. C’est un éleveur de chevaux d’origine anglaise, ancien croix de feu. Darling, aidé au tout début par Albert Forcinal, ancien député des Andelys, constitue un groupe localisé autour de Gisors, débordant sur l’Eure, la Seine Maritime et dans notre canton sur l’ouest de l’Oise. Quinze parachutages ont lieu en mars et mai 1943 sur les terrains de Neuf Marché, Sérifontaine, Flavacourt et Trie-Château. Ces opérations sont annoncées par des messages personnels lors de l’émission Les Français parlent aux Français de la BBC.
Londres a homologué douze terrains dans les environs. Ceux-ci répondent à plusieurs conditions pour les dimensions : une longueur minimale de 400 mètres et une largeur de 80 mètres et être à l’abri des points hauts de surveillance tels le donjon du château de Gisors ou la tour du clocher de Montjavoult. Il ne faut pas plus de sept hommes pour réceptionner un parachutage de six containers pesant chacun 100 kilos et être roulés à travers champs sur plusieurs centaines de mètres afin d’être dissimulés sous un abri provisoire avant de les répartir, les jours suivant, dans différentes caches. Malheureusement ces armes sont en grande partie récupérées par les Allemands.
L’équipe de Georges Darling comprend le gendarme Laurent de la brigade de Gisors, Villegas restaurateur « Aux bosquets » entre Gisors et Bézu St- éloi, Sénécaux qui habite Neaufles St- Martin et Bussy le boulanger de Trie-Château.
Darling est très imprudent et raconte ses exploits à qui veut l’entendre. Voici ce qu’en dit Monsieur Pierson dans son livre Histoire d’une résistance : Au café, Darling racontait tout haut le parachutage de la veille, « parachutage réussi au poil, les allemands n’ont plus qu’à venir, j’ai de quoi les recevoir : 50 mitraillettes, 2000 cartouches et des explosifs » et pour confirmer son récit, il distribuait des cigarettes anglaises et des tablettes de chocolat.
Le 13 mai 1943 à Étrépagny l’attaque de la distillerie des Sucreries Sayat détruit 6 millions de litres d'alcool.
Mi-juin à son retour d’un voyage en Angleterre, Suttill demande à son équipe de réception de convoyer vers la capitale deux officiers Canadiens qui doivent arriver en France par la même voie que lui, trois jours plus tard. Il leur fixe rendez-vous dans un café de la gare d’Austerlitz pour le 20 juin.
Il entreprend une tournée d’inspection, entre le 15 et 18 juin, des groupes de Normandie, Picardie et de leurs dépôts d’armes. Il se rend à Falaise dans le Calvados, à Evreux dans l’Eure, à Sotteville-lès-Rouen en Seine-Maritime et à Trie-Château dans l’Oise.
Prosper attend vainement plusieurs jours les officiers et leur escorte qui furent arrêtés. C’est inquiet qu’il se rend à Trie-Château le 23 pour superviser une opération de parachutage et recommande à son hôte, Georges Darling, de disperser les armes dont le stock se trouve à Chambors, chez le garde Perret dans le bois de l’Etoile.
Le 24 juin, Francis Suttill est arrêté à son tour en fin de matinée, alors qu'il regagne sa chambre d'hôtel rue Mazagran à Paris. Il est conduit au siège de la Gestapo 84, avenue Foch.
Le 26 juin à Trie-Château, suivant les recommandations de Suttill, Georges Darling se rend à motocyclette au bois de l’Etoile prévenir le garde Perret. A son retour dans l’après-midi, à mi-chemin entre la maison du garde et le tunnel sous la voie ferrée, il aperçoit les Allemands qui contrôlent la route, mitrailleuse en batterie. Toujours sur sa moto, il se jette sur sa gauche et au travers d’un champ de betteraves tente de gagner le bois de Plumeloux sur la hauteur. La fusillade se déclenche contre lui. Il n’a aucune chance d’en réchapper. Arrivé en haut de la côte, blessé au côté, Darling se jette au fond d’une sablière envahie de ronces. Les Allemands arrivent aussitôt et obligent monsieur Amadone, le tenancier de l’hôtel de l’écu, qui jardine non loin de là, à descendre le chercher au fond du trou. Conduit à l’hôpital de Gisors, Darling meurt dans la soirée.
600 Allemands cernent Trie-Château, bouclent Neaufles St-Martin, Courcelles les Gisors et Boisgeloup. La Gestapo accomplit sa besogne et liste en mains, préparée sans doute de longue date, neutralise tous les membres du réseau. Sénécaux, Villegas et à trie-Château Radelsperger, un Alsacien qui habite rue Nationale. Par contre le boulanger Bussy leur échappe, de même que le garde Perret et son fils qui disparaissent grâce à leur parfaite connaissance des bois de la région. Au cours d’un second voyage, la sinistre voiture noire s’arrête chez monsieur Fallot qui habite Gisors et avec lui revient à Trie-Château pour s’emparer de madame Bussy et de la femme du garde. Ils vont ensuite à Neaufles dans la villa de Sénécaux. Alors que la voiture pénètre dans la cour, monsieur Fallot voit sortir le gendarme Laurent dans un état épouvantable, saignant de partout, les vêtements arrachés, les yeux et les oreilles gonflés, meurtri sur tout le corps.
Que deviennent les personnages de ce drame ?
M. Fallot est relâché presque aussitôt sans avoir comprit les raisons de son arrestation car il n’est pas impliqué dans le réseau. Il a sans doute été repéré, car le soir pour se protéger des bombardements qui se multiplient sur Gisors, il va dormir « Aux bosquets » chez Villegas qui est déporté comme Sénécaux, Laurent et Rodelsperger. Bussy en fuite reste trente-deux jours caché dans les marais et les bois de Fay et Tourly. Il gagne ensuite Grandvilliers et finalement est incorporé dans le maquis d’Auneuil. La femme de Bussy emprisonnée à Fresnes est inexplicablement relâchée quelque temps plus tard ; La femme du garde, madame Perret, n’a pas la même chance et est déportée avec madame Forcinal qui a été incarcérée un mois plus tôt à la suite de l’arrestation de son mari au « Fox bar » rue d’Amsterdam à Paris le 11 mai 1943.
Un homme pourtant passe au travers des mailles du filet. Itou, le radio du réseau qui habite en face de chez Darling, rue Nationale. Les Allemands depuis longtemps captent ses émissions sans parvenir à les localiser. A plusieurs reprises, ils perquisitionnent chez Itou sans rien trouver. Il est vrai que l’homme est rebutant, grand malade, tuberculeux, il exagère son état, tousse et crache en permanence ; Les Allemands ne s’attardent pas…
Le major Francis Alfred Suttill est fusillé le 23 mars 1945 au camp de Sachsenhausen.
Le réseau organisa 34 parachutages au cours du premier semestre 1943. Le tableau suivant en donne le détail :
COMMUNE
|
DEPARTEMENT
|
NOMBRE DE PARACHUTAGE
|
Origny en Thiérache
|
Aisne
|
3
|
Falaise
|
Calvados
|
2
|
Bois Jérôme-Saint-Ouen
|
Eure
|
3
|
Neaufles Saint Martin
|
Eure
|
3
|
L'anglochaire (Baule)
|
Loiret
|
3
|
Chuelle
|
Loiret
|
1
|
Méru
|
Oise
|
3
|
Lalandelle
|
Oise
|
6
|
Trie-Château
|
Oise
|
4
|
Neuf-Marché Seine-Maritime
|
|
2
|
Bazemont
|
Yvelines
|
4
|
Plaque commémorative mise en place
au 56 rue Nationale à Trie-Château
Deux mois après la bataille du maquis de Ronquerolles, prés de Chambly, des maquisards rescapés décident d’organiser un nouveau lieu de résistance à Trie-Château. Monsieur Lenique, marchand de bois à Bornel, les met en relation avec monsieur Besançon qui travaille à l’office départemental des bois et charbons de Beauvais qui leur donne les numéros cadastraux d’un lot de bois à Villers sur Trie qui doit être réquisitionné pour faire du bois de boulange et du charbon de bois. Munis d’outils de bûcheron fournis par monsieur Lenique et de cartes de travail, leur couverture pour justifier de leur présence était assurée.
C’est Henri Lemaire, instituteur à Trie la Ville, qui les présente à monsieur Bourgeois, cultivateur à la ferme des Kroumirs à Trie-Château qui se propose d’héberger les hommes du détachement FTP-Patrie de Chambly (Francs Tireurs Partisans) composé de Marcel Tilloloy, Robert Tilloloy, Roland Laurence, Louis-Albert Leclère, Georges Rayer et Fernand Duirat. Là, vivaient les fermiers, monsieur et madame Bourgeois, leur fille de 12 ans, un couple d’ouvriers agricoles, André Vigneron et sa femme Linda et le neveu du propriétaire, réfractaire au STO, Jean Bouvy.
Dès potron-minet le 14 août 1944, monsieur Bourgeois aperçoit des camions militaires allemands desquels descendent des soldats qui se positionnent le long de la route et en face de la ferme. Il alerte immédiatement les hommes du F.T.P.F. qui hâtivement cachent leurs armes dans la paille de la grange, et fuient les lieux en prenant le chemin à travers bois. Mais les soldats sont déjà en position et arrêtent les maquisards désarmés à l’orée du bois et les tiennent en respect les bras en l’air. Après quelques instants, ils entendent une fusillade et des cris provenant de la ferme. Les nazis ont trouvé les armes dans la grange et, en représailles, ont fusillé Jean Bouvie, André Vigneron et Pierre Bourgeois obligeant sa femme et sa fille à assister à l'exécution. Comprenant immédiatement la situation, le chef du groupe des maquisards, Louis Leclère, se jette à la gorge de l’officier nazi mais est abattu par un soldat. Robert Tilloloy, Marcel Tilloloy et Georges Rayer tombent sous les balles allemandes en tentant de fuir. Roland Laurence est fait prisonnier et sera déporté par la suite. Seul Fernand Duirat réussira à s’enfuir bien que blessé à l’épaule. Les corps des résistants ainsi que ceux des fermiers seront jetés dans le brasier de la ferme incendiée.
Mesdames Bourgeois et Vigneron et la fillette sont enmenées au château de la Folie, où se trouvait la kommandantur, et emprisonnées trois jours à Beauvais puis relâchées. Le maire de Trie-Château, Monsieur Froment, fut arrêté le lendemain matin et libéré le soir.
Le 19 avril 2010, Fernand Duirat nous a quittés laissant la petite fille seule survivante et témoin de cette tragédie qui s’est passée 15 jours avant la libération de notre région par les canadiens.
Tous les ans, les 8 mai et 14 août, l’amicale des anciens combattants de Trie-Château, les représentants de la municipalité et les Trie-châtelains se recueillent devant la stèle érigée en 1980 par la commune.